Depuis quelques jours un immeuble vide appartenant à la Poste situé au 260 rue des Pyrénées Paris 20ème est occupé par des précaires, des familles et des mal logés ; le collectif NRV (collectif de travailleurs sociaux) apporte son soutien à cette occupation.
– Face au manque de moyens, au manque de logements, à la spéculation immobilière,
– alors que les pouvoirs publics (les préfectures et les collectivités locales) ne font qu’inventer et réinventer des dispositifs creux,
– alors qu’il y a des bâtiments vides,
Qui peut dire que l’auto-organisation et la réquisition ne sont pas des solutions ?
En tant que travailleurs sociaux nous recevons de plus en plus de personnes avec une demande de logements urgentes, on nous demande de remplir tels ou tels dossiers qui n’ont d’ autres effets que de donner de faux espoirs.
En exemple, depuis 2008, à grand renfort de coups médiatiques, la loi DALO est mise en place (Droit Au Logement Opposable censé garantir un logement pour touTEs). La loi stipule que les personnes sans logement et jugées prioritaires peuvent engager des procédures judiciaires à l’encontre de l’État et exiger de celui-ci le paiement d’une astreinte pour non-respect de la loi. La réalité est tout autre. Les personnes ayant saisi le tribunal administratif ne recevront jamais directement de réparation financière, l’astreinte sera versée au Fond Régional d’Aménagement Urbain autrement dit à l’État. L’État condamne l’État. Ce genre d’aberration nous y sommes confrontés quotidiennement.
Et si les travailleurs sociaux faisaient un pas de coté ? Soutenir les réquisitions de logements vide, cesser de servir la soupe (qui d’ailleurs n’est pas bonne) des collectivités locales, des institutions publiques et des diverses associations qui nous « mythonent ».
Alors que la précarité traverse de plus en plus les institutions sociales (financements limités, faillites d’associations, appel à projet restrictif…) pourquoi devrions-nous maintenir nos prérogatives de petits employés éclairés soumis au devoir de réserve ?
Nous sommes censés répondre à des nécessités, pourtant de plus en plus souvent les travailleurs sociaux font tourner (d’ailleurs assez mal) des lois ou des dispositifs qui ne font qu’alimenter des procédures de contrôle. On justifie l’inaction des pouvoirs publics par le profilage toujours plus sophistiquée et aberrant DU précaire ingrat et indocile, qu’il faut démasquer et punir.
Au delà du discours économique qu’on nous assène sur la dette et sur la pseudo responsabilité de chacun sur l’état des finances publiques, nous avons touTEs besoin de nous loger, on n’habite pas des lois…