Réquisition qu’ils disent : Les Verts expulsent

Au printemps 2012 des personnes s’installent sur le terrain vide de la halle Marcel Dufriche, rue de Paris. Elles ne viennent pas d’arriver à Montreuil. Elles vont et viennent, de terrains en terrains, toujours contraintes par les expulsions.

Le 21 novembre 2012, au petit matin, des flics entrent sur le terrain. Ils demandent à chaque famille de les suivre pour notifier à chaque adulte une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Les femmes, les hommes et les enfants sont emmenés dans les fourgons garés à l’abri des regards, rue Étienne Marcel. Plus de soixante-dix OQTF auraient été distribuées. Tous reviendront dans leur baraquement en accusant le coup de la violence de ces pratiques. Les passants et voisins de la rue de Paris et de la rue Étienne Marcel, eux, observent cette scène de violence devenue habituelle.

Souvenons nous. À la même époque en 2009, juste avant l’ouverture du salon du livre de jeunesse, la mairie de Montreuil faisait déjà pression sur le propriétaire du terrain pour que les personnes installées soient expulsées, invoquant des raisons de sécurité. Aujourd’hui encore la mairie revendique avoir prévenu la préfecture en soulevant cette fois des principes « d’insalubrité et de mise en péril ». Principes qui lui sont chers quand il s’agit d’expulser les habitants de lieux occupés sans droits ni titres. À Montreuil comme ailleurs, expulser sous prétexte d’insalubrité, c’est mettre les gens encore plus en danger. Ce n’est que les pousser à chercher un autre lieu qui sera avec certitude plus précaire, plus invisible, plus dangereux. Ceux et celles qui se sont installés sur le terrain de la halle ont mis du temps à se construire des baraques avec les moyens qu’ils ont. Ils ne peuvent pas payer de loyers et pourtant ils dorment aujourd’hui au chaud et l’abri de la pluie. Ces baraques ne sont pas un choix mais à défaut d’autre chose…

Cette politique, qui est également celle du gouvernement actuel et des précédents, nous concerne toutes et tous. Pour eux, Il s’agit de choisir qui a le droit de vivre ici ou là. Le choix est clairement de chasser les pauvres, sous n’importe quel prétexte, et en passant, de laisser la main libre à la spéculation. Pourquoi n’est-il jamais question de forcer les propriétaires à faire les travaux nécessaires en frappant d’un décret d’insalubrité les immeubles qu’ils louent ? Cela les obligerait à reloger les locataires qui, en attendant, ne seraient plus obligés de payer leur loyer. De la même façon, si les personnes sont en danger sur un terrain, pourquoi ne pas commencer par les aider en leur donnant accès à l’eau, en y installant des toilettes et des poubelles ou alors même soyons fous pourquoi ne pas essayer de les reloger dans des bâtiments qui pourtant existent mais ne servent à rien ?

La mairie continue de communiquer encore et encore sur son exemplarité, tout en arguant qu’elle se ferait attaquer par la population pour ne construire que pour les Rroms… Rappelons que rien ne l’empêche de s’occuper de l’ensemble des autres habitants précaires. La MOUS (maîtrise d’œuvre urbaine et sociale), mise en place à Montreuil, devait accueillir des centaines de personnes mais pour le moment elle ne semble concerner que quelques dizaines de personnes. Rien d’exemplaire : comme les autres mairies, comme les autres collectivités locales, comme tous les états européens, la mairie dit craindre l’« appel d’air ». Une fois encore, l’imaginaire de la peur n’a plus de limites. La majorité des Rroms de Montreuil sont toujours les mêmes depuis des années. Et même si la mairie joue la carte de l’hostilité des « montreuillois » vis à vis de ces campements nous répondons, nous, que des liens se tissent parmi TOUS les habitants de Montreuil, et que les rroms sont aussi montreuillois que nous.

Le « nettoyage » de la halle n’est que passager. Ces personnes et d’autres reviendront. Leurs OQTF, délivrées de façon totalement abusives, seront annulées, et tout recommencera indéfiniment. Elles s’installeront sur la friche ou sur un terrain non loin de là.

Des habitants de Montreuil et le collectif Prenons la ville
degage-onamenage@riseup.net


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