Petit-déj contre l’expulsion du 260

L’huissier est passé remettre l’assignation en justice (en référé) aux occupants du 260 rue des Pyrénées, ce vendredi (15 juin). Le procès se tiendra jeudi 21 juin à 9h30 (au Tribunal d’instance, mairie du 20e, métro Gambetta).

Le bailleur, Toit et Joie, a assigné 23 personnes en justice. Il demande des indemnités de 500€ par personne et par mois alourdi à 500€ par jour à compter de la décision d’expulsion. Voilà comment un bailleur dit « social » engage la discussion : en attaquant financièrement des mal-logés (ou sans-logis).

Un petit déjeuner de solidarité aura lieu devant le 260 à partir de 8h30, pour ensuite aller ensemble au procès.

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Non à l’expulsion du 260 rue des Pyrénées

Depuis le vendredi 8 juin, nous, expulsés, mal-logés, énervés, chômeurs, précaires et enragés sociaux sommes installés dans un ancien centre d’hébergement social, situé au 260 rue des Pyrénées, appartenant à Toit et Joie (bailleur social de La Poste), et vide depuis mai 2010.

Ce bailleur social nous accuse de retarder la réouverture, la Mairie du 20e affirmant que des « travaux de réhabilitation étaient prévus avant l’été 2012 ». Mais cette affirmation est contredite par Yannick Fauckè, coordinateur technique même du bailleur Toit et Joie, qui affirme pour sa part que les travaux ne pourraient commencer que… courant 2013 ! Combien d’années attendrons-nous pour encore pour trouver la joie d’un toit ?

Mais Toit et Joie ne s’arrête pas là. Non content de porter plainte, ce bailleur nous réclame une indemnité mensuelle de 500 euros par habitants. Plus fort encore, il réclame à la Justice de faire payer à ces mêmes habitants, une fois le procès rendu, la modique somme de 500… euros par jour et par personnes !

[500 x 23 (personnes) x 30 (jours) = 345 000 euros/mois!]
Ah ! La fibre sociale !

De quoi nous accuse-t-on encore ? « D’empêcher la réalisation d’un projet destiné à combattre la crise du logement », dixit Michèle Attar, directrice générale de ce bailleur si social… Qu’en est-il réellement ? Le projet s’en tient à la construction d’un foyer de jeunes travailleurs géré par l’ALJT, exclusivement en apprentissage : logement provisoire donc, accueillant des jeunes uniquement le temps de leurs études, et dans la limite de 26 ans, pour un loyer très social de… 540 euros/mois, soit 30€ du m² (plus cher encore que la moyenne parisienne) ! Beaux arguments pour « combattre la crise du logement »

Alors, face à la spéculation immobilière et la discrimination, nous réclamons :

  • le retrait de la procédure par Toit et Joie
  • le relogement de tous les habitants du lieu, dans de véritables habitations,
  • la création de lieux collectifs pour s’organiser et lutter contre la misère

Venez nombreux nous soutenir au procès du 260 qui aura lieu le jeudi 21 juin à 9h30 au Tribunal d’Instance du 20e arrondissement, situé 6 place Gambetta dans la mairie.

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Paris-banlieue: Casse-toi, pauvre !

En langage administratif, la chasse aux pauvres s’appelle PNRQAD (Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés) : le plan est appliqué par les organes de l’État (préfectures, régions, départements, municipalités), coordonné par ses services (agences d’urbanisme, services sociaux, etc.), en association avec le Capital (promoteurs, sociétés immobilières, groupes financiers, investisseurs) et ses sous-traitants (architectes, proprios, agences de communication, etc.) Le but : « Requalifier le PPPI (Parc privé potentiellement indigne) », déterminé à partir de données croisées extraites de quatre fichiers (taxe d’habitation, impôt sur le revenu, propriétaires et propriétés). « La méthode est appuyée sur l’idée qu’un logement vétuste dont l’occupant dispose de ressources modestes a une probabilité plus grande d’être indigne. »

On commence par jeter les squatteurs à la rue en livrant ceux sans papiers aux services de l’immigration. Les bulldozers interviennent sans que les habitants aient le temps de récupérer leurs affaires, et on n’hésitera pas à les accuser de tout et n’importe quoi. Les immeubles qu’on a laissés pourrir sont rasés au nom de la lutte contre l’insalubrité. À la place, on met un musée ou une piscine, des bureaux, des commerces et des logements plus écolos et plus chers. Les cités sont rebâties selon des plans conçus en fonction des besoins policiers de contrôle et de répression, et la « mixité » assurée en donnant accès au logement social à des familles plus aisées. Les indésirables disparus, on fêtera enfin la « renaissance » du quartier.

À Saint-Denis (93), en février dernier, une femme est morte après s’être fait brûler vive dans le hall de la mairie, n’en pouvant plus d’être avec ses enfants à la rue. Le maire ayant alors déclaré qu’il fallait réquisitionner les bâtiments vides, un collectif a commencé à s’installer dans un immeuble. Dès le lendemain matin, sur ordre du préfet et sur demande du propriétaire – un groupement d’institutions dont la mairie –, ils en ont été délogés par la force. Le collectif s’est invité aux « états généraux du logement » où le maire leur a promis un rendez-vous. Le jour dit, l’élu était absent, mais la flicaille encore présente pour les faire dégager, avec à la clé quelques coups et un procès, pour « violence envers un policier ».
Pour ce seul plan lancé en 2009, 87 municipalités ont déposé un dossier de candidature. La Commission chargée d’examiner les demandes juge que « l’ensemble des dossiers d’Île-de-France sont dans la cible du PNRQAD », et met particulièrement en avant quatre communes de Seine-Saint-Denis : Aubervilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen, Montreuil-Bagnolet. L’expulsion du Hanul, plus ancien campement de Roms de la région, en juillet 2010, l’évacuation de Roms par tramway en septembre dernier, ou encore la mise à la rue de centaines d’habitants l’hiver 2010 à Bagnolet et l’été dernier à Montreuil sont autant d’exemples à suivre pour tous ceux chargés d’appliquer ce plan.

Puisqu’on nous « parque » et qu’on nous « cible », nous devrons nous défendre. Différents collectifs de précaires, mal-logés, expulsés, sans-papiers, se rencontrent et s’organisent. Les stratégies d’associations (réclamer des lois puis, en cas de « victoire », réclamer leur application…), tout comme les discours des politicards municipaux et des sbires préfectoraux (qui se renvoient la balle tout en se prêtant main forte) les ont convaincus de n’avoir rien à attendre que d’eux-mêmes. Et de compter sur la libre association pour rassembler leurs forces, la solidarité pour répondre aux besoins urgents, et la prise de décision collective pour mener leurs actions.

C’est ainsi que la SGIM (bailleur social qui « valorise son patrimoine » de 15 000 logements), dont le président est aussi à la tête de Paris Habitat (115 000 logements) mais encore adjoint au logement à la mairie de Paris, et qui affirme chercher « des solutions si on ne veut pas que Paris reste aux mains de quelques privilégiés », a reçu dernièrement, de la part de non-privilégiés à la recherche de logements, une petite visite qui a animé ses austères bureaux. Le boss étant évidemment invisible, c’est son secrétaire général qui s’est chargé du baratin le temps que les condés se pointent. On se doutait bien qu’il faudrait insister un peu…
Puisque nous sommes nombreux à être concernés, « que se multiplient les formes concrètes de résistance : collectifs de quartier indépendants de ceux qui gèrent les villes, occupations de logements vides, pression sur les conseils municipaux, les réunions de concertation et les bailleurs sociaux, rassemblements et résistances contre les expulsions. »

Nicolas
Groupe d’Ivry-sur-Seine de la Fédération anarchiste

[Article publié dans le n°1674 du Monde libertaire, 24-30 mai 2012.]

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Appel du CREA (Toulouse)

Ce système de merde nous prend pour des pigeons ! Il nous fout dans la misère et nous accuse d’être trop pauvres. Qu’on soit précaires ou sans-papiers, il nous exploite, nous contrôle, nous enferme et nous expulse du territoire ou de nos maisons. Mais la misère et les inégalités ne tombent pas du ciel, elles sont organisées par les riches et les puissants ! Dans leur « crise », il y a toujours du fric pour les banques ou l’armée, des mâtons et des camps de rétention pour les «  mauvais » étrangers, des flics et des huissiers pour expulser les squatteurs et les « mauvais » locataires… Pour nous, exploité-e-s, galérien-ne-s, précaires, sans-papiers, colonisé-e-s, opprimé-e-s, c’est bosse et ferme ta gueule ou bien dégage et crève ! À Toulouse et ailleurs, partout en France et dans le monde, lorsqu’on se démerde par nous-mêmes et pour nous-mêmes, ils sont menacés et nous envoient leur flicaille et leur justice.

Avec le CREA, on ouvre des bâtiments que les proprios laissent vides pour faire du pognon. Notre but : Nous organiser entre galérien-ne-s pour reprendre ce qui nous appartient, nous loger et nous entraider pour nous émanciper. En avril 2011, on a ouvert un grand bâtiment appartenant au Ministère des affaires sociales ! Vide depuis 2 ans, on en a fait un centre social autogéré qui accueille 40 personnes (des familles à la rue, des étudiant⋅e⋅s, des précaires…). Le bâtiment est libéré pour toute la ville et toutes sortes d’activités. L’Emergence est une ancienne école de cirque squatée pour des activités culturelles et des précaires. Le sloly, un ancien garage squaté pour faire un atelier vélo et accueillir d’autres précaires. La campagne de réquisition a libéré beaucoup d’autres bâtiments. Ils étaient tous vides, ils accueillent maintenant plein de gens qui en ont besoin et sont tous menacés d’être expulsés.

Pour faire leur « ville propre » et leur « Toulouse métropole », ils ont commencé à expulser les campements du Ramier. Si nous ne réagissons pas, ils nous dégageront tou-te-s pour laisser place au tourisme, à la technologie, à la vitesse…

Nous ne voulons ni de cette vie ni de cette ville lisse et policée ! Défendons-nous ! Pour garder nos lieux de vie, pour pouvoir vivre ici, autrement et comme nous le décidons. Pour en finir avec tous les camps de rétention pour étrangers et toutes formes d’enfermements.

Arrêt immédiat de toutes les procédures d’expulsion ! Fermeture des camps de rétention et régularisation immédiate de toutes et tous ! Abrogation des lois racistes et des règlements qui favorisent l’exclusion et la stigmatisation des classes populaires !

REJOIGNEZ-NOUS ! ORGANISONS NOUS POUR CONTRE -ATTAQUER ! TOUT POUR TOU-TE-S ! POUVOIR AU PEUPLE !

creatoulouse@squat.net – creatoulouse.squat.net – CSA, 70 allées des Demoiselles 31400 Toulouse

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Rendez-vous du 260 rue des Pyrénées

Rendez-vous pour la défense du 260 rue des Pyrénées et la poursuite de la lutte :

– Tous les jours à 14h, rendez-vous technique et aménagement de l’espace

– Vendredi à 19h, point info

– Dimanche à 17h, assemblée des Mal-logé-e-s acharné-e-s

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Communiqué du 260 rue des Pyrénées

Communiqué du 13 juin 2012

Depuis vendredi 8 juin 2012, nous occupons un ancien centre d’hébergement social appartenant à Toit et Joie (bailleur social de la Poste), vide depuis mai 2010 et situé au 260 rue des Pyrénées.

Nous avons créé ce lieu de vie, d’organisation et de lutte pour obtenir directement ce dont nous avons besoin et mettre la pression sur ceux qui pourrissent notre vie au quotidien. Habitant-e-s et voisin-e-s se rencontrent depuis une semaine devant le 260 rue des Pyrénées, autour de tables d’information et de soutien, de goûters et de discussions. La solidarité se tisse jour après jour, on nous apporte nourriture, couvertures, matelas, etc. De plus en plus de personnes nous demandent aussi une aide concrète face aux galères de logement.

Mairies, bailleurs, élus de tous bords organisent la politique du logement. Les logements sociaux, c’est un véritable business. Toit et Joie y participe. Quand les bailleurs rachètent des immeubles, les loyers augmentent toujours. (Par exemple, Toit et Joie, groupé avec d’autres bailleurs, a racheté des immeubles d’une filiale de la Caisse des Dépôts, ce qui a fait immédiatement augmenter les loyers de 20%).

Dès lundi 11 juin, une délégation de 5 personnes s’est rendue à Toit et Joie afin de déclarer l’occupation du 260 rue des Pyrénées et de s’assurer de la pérennité du lieu. Le bailleur a refusé de les laisser entrer et a appelé la police. Les 5 personnes ont été bloquées dans la cour et ont subi un contrôle d’identité.

Le même mépris a caractérisé la rencontre du 13 juin au cabinet de la Ministre du Logement, Cécile Duflot. Nous avons obtenu ce rendez-vous grâce à une intervention le 7 juin dernier lors de son meeting de campagne. Elle n’a pas daigné nous recevoir personnellement. Une délégation de 4 personnes a été reçue par son directeur adjoint de cabinet, Jacques Archimbaud, et par Pauline Lavaux, conseillère parlementaire. Notre délégation a présenté les revendications suivantes :

1) des logements sociaux pour tous les gens qui en ont besoin, et notamment celles et ceux dont les noms sont écrits sur les listes de mal logé-e-s que nous amenons

2) des papiers pour tout le monde et notamment pour celles et ceux qui en ont besoin parmi nous

3) le maintien dans les lieux pour les habitant-e-s du 260 rue des Pyrénées jusqu’à leur relogement

4) le maintien de tous les lieux habités du CREA (Collectif pour la Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion) de Toulouse.

Etrange endroit qu’un lieu de pouvoir comme le Ministère du Logement. On y trouve un directeur adjoint déclarant : « Nous sommes contre les expulsions sans relogement, mais nous n’avons pas de pouvoir ». Il a refusé de soutenir notre occupation auprès de la préfecture et du bailleur, nous assurant simplement que s’il y a expulsion cela se fera dans les règles : « la procédure doit être respectée, vous êtes là depuis longtemps, vous ne pouvez pas être expulsés sans décision judiciaire ».

Suite à ce rendez-vous Jacques Archimbaud, à défaut de nous fournir un papier officiel signé par le ministère, nous a envoyé le mail ci-dessous, dans lequel il déforme nos revendications et ignore même celle concernant la pérennisation du 260 rue des Pyrénées. Néanmoins le ministère s’est engagé à examiner avec sérieux les dossiers de demande de logement. Il nous recevra à nouveau dans deux semaines, le 27 juin.

Parallèlement à la rencontre au Ministère, un autre groupe a occupé l’Union sociale pour l’habitat qui est la fédération des sociétés HLM. Le délégué général, Thierry Bev, s’est engagé à faire la médiation entre les habitant-e-s du 260 rue des Pyrénées et le bailleur Toit et Joie. Il a communiqué par fax nos revendications au Ministère du Logement ainsi que la liste des mal-logé-e-s.

Pour obliger le Ministère à satisfaire nos revendications, nous vous invitons à nous rejoindre dans nos actions, et ce dès jeudi 14 juin à 12h30 devant le Go Sport, métro République.

Ne les laissons pas dicter la temporalité de nos luttes. Organisons-nous, exigeons des logements pour tous ceux qui en ont besoin et l’arrêt des expulsions. Assemblée des mal-logé-e-s tous les dimanche à 17h au 260 rue des Pyrénées, métro Gambetta.

Des mal-logé-e-s acharné-e-s.

—————————- Original Message —————————-

Subject : Suite rendez-vous du 13/06
From : « Secretariat Archimbaud – Cabinet Duflot. »
Date : Wed, June 13, 2012 8:26 am
To : mallogesacharnes@riseup.net

Une délégation mandatée par l’AG des occupants du 260 rue des Pyrénées a été reçue ce jour au Ministère de l’égalité des territoires par Jacques Archimbaud Directeur Adjoint du cabinet de Cécile Duflot et Pauline Lavaud, conseillère parlementaire.

Elle a transmis une liste de 97 demandeur de logements sociaux à Paris, de 8 habitants expulsés du 2 chemin des Grésillons à Saint Denis, une liste de 38 personnes du collectif des mal logés du 18ème sans frontières.

Elle a demandé le relogement de toutes ces personnes, l’accélération de la construction de logements très sociaux à Paris, la régularisation de tous les sans papiers, le maintien de tous les lieux habités du CREA de Toulouse.

Les représentants de la Ministre ont indiqué qu’ils transmettraient ces listes à des fins d’examen sérieux aux administrations parisiennes compétentes pour un traitement collectif de ces demandes en lien avec la délégation du 260 rue des Pyrénées.

Ils ont réaffirmé leur attachement au respect des procédures légales concernant le traitement de tous les lieux occupés.

La délégation sera reçue à nouveau le 27 juin à 15 heures.

Paris le 13 juin 2012

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Ne restons pas seuls

C’est la crise, partout on nous le dit et tous les jours on la ressent. Mais pour certains ça fait longtemps que c’est la crise, la crise du quotidien : s’entasser dans un logement trop petit et insalubre, se faire expulser parce qu’on a perdu son taf, prendre un crédit revolving parce qu’on est sans sous dès le début du mois, courir dans les transports en communs pour aller faire 2 heures de boulots par-ci par-là pour un quart de smic, se faire enlever ses enfants parce qu’on a nulle part où habiter, se faire refuser une demande de HLM parce qu’on est sans-papiers, se faire radier du Pôle emploi et perdre ses allocations, ne plus pouvoir faire les courses dans son quartier parce que les commerces deviennent toujours plus chers et plus chics, se faire contrôler chez soi par un agent de la CAF et devoir se justifier d’arriver à survivre .

Face à cela des collectifs de mal-logés, de chômeurs, de précaires, des collectifs contre la restructuration urbaine et contre les expulsions agissent, pour certains depuis plusieurs années, pour arracher des droits, arracher des logements, empêcher des expulsions. Depuis quelques mois ces collectifs ont décidé de se coordonner au sein d’une assemblée. Cette assemblée est ouverte à tous et toutes, à tous les mal logés enragés, expulsés d’ici et d’ailleurs, squatteur-euses, à tous ceux qui se sont déjà fait couper l’électricité ou les allocations, ceux qui en ont marre de claquer leurs salaires pour un petit appart’ humide, aux étudiants en mal de bourse et aux jeunes interdit de RSA.

Il s’agit de se réunir pour trouver les moyens collectif de résoudre directement nos problèmes, de s’auto-organiser c’est à dire décider collectivement et de manière égalitaire ce qui est bon pour nous. Pour l’instant les actions coordonnées se sont centrées sur le logement : occupations de bailleurs sociaux, de mairies et autres lieux de pouvoir, dépôts de liste de demandeurs HLM, obtention d’avis de passage de demandes HLM pour les sans-papiers… mais nous comptons bien ne pas en rester-là et dans le temps arracher collectivement les moyens de se loger, de s’organiser, de vivre et de lutter.

Nous ne sommes pas seuls, ici à Toulouse depuis des mois des mal logés, squatteurs et travailleurs sociaux s’organisent pour occuper des bâtiments vides. Les habitants du CREA (collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion) menacés d’expulsion ont engagé une grande bataille pour défendre ce lieu. Là-bas, en Grèce ou en Espagne les plans d’austérité réduisent à la misère des milliers de personnes qui du jour au lendemain ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins immédiats, mais la résistance s’organise à travers l’occupation de bâtiments vides, des assemblées de quartier, des cantines populaires, le refus collectif de payer des factures…

Organisons-nous, défendons-nous ! Ne restons pas seuls !

Assemblée tous les dimanches à 17 heures au 260, rue des Pyrénées, métro Gambetta

Rendez-vous action jeudi à 12h30 devant le go sport à République

contact : mallogesacharnes@riseup.net

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Communiqué de soutien du collectif NRV

Depuis quelques jours un immeuble vide appartenant à la Poste situé au 260 rue des Pyrénées Paris 20ème est occupé par des précaires, des familles et des mal logés ; le collectif NRV (collectif de travailleurs sociaux) apporte son soutien à cette occupation.

– Face au manque de moyens, au manque de logements, à la spéculation immobilière,

– alors que les pouvoirs publics (les préfectures et les collectivités locales) ne font qu’inventer et réinventer des dispositifs creux,

– alors qu’il y a des bâtiments vides,

Qui peut dire que l’auto-organisation et la réquisition ne sont pas des solutions ?

En tant que travailleurs sociaux nous recevons de plus en plus de personnes avec une demande de logements urgentes, on nous demande de remplir tels ou tels dossiers qui n’ont  d’ autres effets  que de donner de faux espoirs.

En exemple, depuis 2008, à grand renfort de coups médiatiques, la loi DALO est mise en place (Droit Au Logement Opposable censé garantir un logement pour touTEs). La loi stipule que les personnes sans logement et jugées prioritaires peuvent engager des procédures judiciaires à l’encontre de l’État et exiger de celui-ci le paiement d’une astreinte pour non-respect de la loi. La réalité est tout autre. Les personnes ayant saisi le tribunal administratif ne recevront jamais directement de réparation financière, l’astreinte sera versée au Fond Régional d’Aménagement Urbain autrement dit à l’État. L’État condamne l’État. Ce genre d’aberration nous y sommes confrontés quotidiennement.

Et si les travailleurs sociaux faisaient un pas de coté ? Soutenir les réquisitions de logements vide, cesser de servir la soupe (qui d’ailleurs n’est pas bonne) des collectivités locales, des institutions publiques et des diverses associations qui nous « mythonent ».

Alors que la précarité traverse de plus en plus les institutions sociales (financements limités, faillites d’associations, appel à projet restrictif…) pourquoi devrions-nous maintenir nos prérogatives de petits employés éclairés soumis au devoir de réserve ?

Nous sommes censés répondre à des nécessités, pourtant de plus en plus souvent les travailleurs sociaux font tourner (d’ailleurs assez mal) des lois ou des dispositifs qui ne font qu’alimenter des procédures de contrôle. On justifie l’inaction des pouvoirs publics par le profilage toujours plus sophistiquée et aberrant DU précaire ingrat et indocile, qu’il faut démasquer et punir.

Au delà du discours économique qu’on nous assène sur la dette et sur la pseudo responsabilité de chacun sur l’état des finances publiques, nous avons touTEs besoin de nous loger, on n’habite pas des lois…

Collectif NRV

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260 : Assemblée

Assemblée aujourd’hui à 19h, au 260 rue des Pyrénées.

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Sur le 260

Spéciale dédicace à tous les postiers en galère qui dorment dans leur bagnole, aux mères qui se battent quand elles sont expulsées et envoyées en hôtel social pour ne pas se faire placer leurs gosses… Nous pensons aussi à la mère de famille qui s’est immolée dans le hall de la mairie de St-Denis sans logement depuis des années avec ses 6 enfants. OCCUPONS LES LOGEMENTS VIDES

Depuis vendredi 8 juin, nous sommes installés dans un ancien centre d’hébergement social dans un immeuble appartenant à Toit et Joie (bailleur social de la Poste) vide depuis mai 2010 situé au 260 rue de Pyrénées. Nous avons trouvé une porte et posé nos bagages pour nous installer, créer un lieu de vie, d’organisation et de lutte pour obtenir directement ce dont nous avons besoin et pourrir ceux qui pourrissent notre vie au quotidien. Mairies, bailleurs, élus de tous bords organisent la politique du logement. Les logements sociaux, c’est un véritable business. Toit et Joie y participe. Quand les bailleurs rachètent des immeubles, les loyers augmentent toujours. (Par exemple, lors de la vente des immeubles d’une filiale de la caisse dépôt, Toit et Joie, groupé avec d’autres bailleurs a fait immédiatement augmenter les loyers de 20 %). A Paris, la ville et l’ensemble des bailleurs sociaux produisent un grand nombre de faux logement sociaux de type PLS.

C’est à dire des logements uniquement accessibles à des gens ayant des revenus compris entre 2200 et 3000 euros pour une personne seule. Ce qui exclue plus de 70% des demandeurs sur Paris. Quand ils font autre chose, pour les « vrais pauvres », comme c’est le projet de Toit et Joie, ici, au 260 rue des Pyrénées, ils construisent des résidences sociales, c’est-à-dire des sous foyers où il n’y a que des chambres et pas d’appartements ni d’espaces collectifs. Alors qu’on ne nous raconte pas que cette occupation perturbe un merveilleux projet social ! Partout, c’est le même mépris de la part du pouvoir. Du propriétaire des murs à la mairie du 20è jusqu’à la nouvelle ministre du logement Cécile Duflot en campagne dans le 20è arrondissement, tous nous baladent, nous font de fausses promesses ou refusent de nous recevoir tout simplement et nous accueillent avec la police. La délégation envoyée à Toit et Joie est embarquée pour un contrôle d’identité, le chef de cabinet du maire du 20è se cache sous son bureau et fait fermer la mairie avec l’aide de trois camionnettes de flic ; Duflot ne répond pas à nos mails et coups de téléphone alors qu’elle s’est engagée lors de son meeting de campagne où nous sommes intervenus jeudi 7 juin à nous donner un rendez-vous. Nous exigeons un logement décent pour tous ceux qui en ont besoin, le relogement de tous les mal-logés ou sans-logis, qu’ils soient salariés ou chômeurs, seuls ou en famille, avec ou sans papiers et l’arrêt immédiat des expulsions ! Nous exigeons aussi des locaux collectifs pour nous organiser. Passez nous soutenir, toute aide matérielle est bienvenue : eau, nourriture, matelas…

Rendez-vous pour une action de soutien mercredi 13 à 12 heures devant le lieu

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Rendez-vous, 260 rue des Pyrénées

Goûter de soutien aujourd’hui mardi 12 juin à 17 heures devant le lieu

Rendez-vous pour une action de soutien mercredi 13 à 12 heures devant le lieu

 

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Communiqué de soutien de SUD PTT concernant l’occupation du 260 rue des pyrénées

Communiqué de soutien

Le syndicat sud des services postaux parisien se joint aux habitants et mal logés qui occupent actuellement l’immeuble vide depuis plusieurs années du 260 rue des Pyrénées dans le 20ème.

Avec les occupants de cet immeuble, ancien foyer des PTT vide de résidents, SUD entend dénoncer la politique de spéculation immobilière en cours à Paris, soutient les revendications de leurs occupants, et se félicite que ceux-ci prennent directement leurs propres problèmes en main.

Nous demandons la pérennisation de l’occupation du 260 rue des Pyrénées, l’octroi immédiat et sans condition – notamment de ressources – de bauds sociaux pour l’ensemble des occupants.

Nous soutenons toute action d’habitants et de mal-logés luttant pour le relogement de toutes les personnes en situation de précarité et de mal logement, et interpellons les acteurs et responsables de cette situation, tant au sein du propriétaire des murs, que des élus en charge de ces questions.

SUD dénonce que la délégation d’occupants parti rencontrer ce matin le bailleur TOIT ET JOIE ait été accueillie par la police et les a soumis à un contrôle d’identité. Nous considérons que les questions d’ordre social n’ont pas à être prise en charge de façon policière et répressive.

Nous réaffirmons notre entière solidarité avec les occupants du 260 rue des Pyrénées et soutiendront toutes leurs initiatives dans cette lutte.

Paris 20ème, le 11 juin 2012.

SUD Postaux Paris

Le communiqué de SUD Postaux

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Occupation du 260 rue des Pyrénées

Nous n’avons plus le choix

Expulsés, mal-logés, énervés, chômeurs, précaires, enragés sociaux, nous occupons depuis quelques temps un ancien centre d’hébergement social, dans un immeuble appartenant à la Poste et vide depuis le 11/05/2010, situé au 260 rue des Pyrénées dans le 20°à Paris. Face à la spéculation immobilière et à la discrimination, nous avons décidés d’agir. Nous avons trouvé une porte ouverte et posé nos bagages pour nous installer et créer un lieu de vie, d’auto-organisation et de lutte pour obtenir notre dû et dénoncer ceux qui pourrissent notre vie au quotidien. Nous sommes déterminés à devenir le cauchemar du pouvoir tant que nous n’aurons pas eu gain de cause. Nous vous appelons à venir nous rejoindre lors de nos assemblées (multicolore, sans partis, ni étiquettes) tous les dimanches à 17h00.

Les habitants du 260 rue des Pyrénées

passez dans la soirée et demain, réunion à 19H00

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Occupation du bailleur « social » Toit et joie

Le jeudi 31 mai nous avons débarqué à une cinquantaine de mal logés, pas logés, précaires, chômeurs, travailleurs pauvres chez le bailleur social « Toit et joie ». Après quelques difficultés que nous retrouvons à chaque occupation et devant notre détermination nous avons rencontré le haut du panier salarial du bailleur Toit et joie c’est-à-dire Michèle Attar (direction générale) qui a quittée une assemblée générale avec Cécile Duflot et des « entreprises sociale pour l’habitat ». Il y a avait aussi Leila Sekkaki (direction de la politique de la ville et du patrimoine), Philippe Alizard (direction de la gestion locative), Isabelle dell’Angelo (direction adjointe) plus un autre chargé de la communication.

Michèle Attar (la seule à parler) s’empresse de se présenter comme quelqu’un de transparent et présente « Toit et joie » comme un bailleur très social. Pour confirmer le soit disant versant très social de ce bailleur Michèle Attar nous précise que « Toit et joie » ne fait plus de PLS mais des programme locatif en PLAI (20%) et en PLUS (80%) et qu’un immeuble de 10 logements pour les pauvres va être livré en septembre rue vignon, métro madeleine. Pour Michèle Attar cela s’appelle de la mixité sociale concept issu de la politique de la ville et qui a surtout servi à virer les pauvres toujours plus loin pour laisser la place aux bobos (voir Montreuil, Pantin, Rosny-sous-bois, 19ème, 18ème, 11ème). Sinon, pour les 10 pauvres qui iront habiter à Madeleine ils serviront de caution à la mixité sociale façon soc dem et « Toit et joie » qui pourra toujours s’en servir pour promouvoir son côté social. De plus, au nom de la sacré mixité sociale nous apprenons qu’il n’est plus possible pour les bailleurs sociaux de construire en PLS sur les 18ème et 20ème. Effectivement sur ces 2 arrondissements comme sur d’autres on veut bien des pauvres mais à petites doses.

Info diverses : l’actionnaire de « Toit et joie » est la poste et 50% du contingent locatif est réservé aux postiers, 30% est réservé à la préfecture dont 25% aux mal logés et 20% aux mairies. « Toit et joie » dispose de 1800 logements sur paris et 12 400 sur l’Île de France. Actuellement ce bailleur produit 350 logements par an. Quant aux commissions d’attribution (tous les 15 jours) celles-ci sont composés d’un administrateur, du C.A de postier, de personnel qualifié c’est-à-dire un ex directeur de la construction et d’associations de locataires.

D’après Michèle Attar il y aurait 400 000 demandeurs de logement sur paris et un million sur l’Île de France. Elle a tenu tout un blabla sur le manque de logement sociaux et comme d’hab face à cette soit disant pénurie « Toit et joie » comme les autres bailleurs gestionnaires et constructeurs qui se sont enrichis grâce aux loyers, à la construction et aux rachats d’immeubles aux copains) se dédouanent en indiquant qu’ils ne sont pas responsables. Néanmoins soyons rassuré nous dit Michèle Attar, des moyens vont être mis en place puisque 150 000 logements par an vont être construit !!!

C’est une vielle rengaine réchauffée et pour nous la solution n’est pas de construire toujours plus mais de nous laisser d’une part occuper les lieux vides, d’habiter là ou on veut en hlm ou pas et d’abolir la propriété.

Durant cette occupation notre tract a été faxé chez Mano avec la liste des mal logés de la coordination des collectifs, un autre à l’afp, un à la direction des affaires sociales en solidarité avec la lutte du CREA menée sur toulouse et un au ministère du logement.

En attendant nous poursuivons nos luttes pour que l’accès aux logements ne soit pas réservé à ceux qui ont de la thune. HLM ou parc privé, nous ne voulons plus vivre à la rue, en hôtel, dans des cagibis et des taudis avec les souris et les cafards.

Pour discuter de tout ça, prochaine réunion : Dimanche 3 juin 17 h 00 au 11 cité aubry, métro alexandre dumas.

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Saint-Blaise : Le GPIS Ment

Dimanche 3 juin, rencontre de solidarité avec les jeunes, les familles, les témoins, à 15h devant le Franprix, rue Saint-Blaise

Témoignage de Isabelle, habitante du 20e :

Pour que Nabil ne soit pas mort pour rien

Lundi matin, je me trouvais pas très loin de chez moi, dans le quartier Saint-Blaise. Une mélopée en arabe a attiré mon attention et je me suis approchée. Il y avait plein de fleurs et des mots écrits à la main à la mémoire d´un garçon appelé Nabil. Emue, je suis restée un instant pour me recueillir, car je pense qu´il est important d´honorer la mémoire des morts, surtout quand ils disparaissent si jeunes.

J´ai ensuite croisé des habitants, le quartier était ce jour beaucoup plus animé que d´habitude, des groupes de gens parlaient, je leur ai demandé de quoi il s´agissait. J´ai appris que Nabil avait vingt-trois ans, l’âge de mon fils, et était mort tué par balles. Cela m´a doublement touché, parce que toute mort violente, quelle qu´en soit la raison, est toujours injuste et intolérable. J´ai lu ensuite les articles de presse qui couvraient l´événement et le communiqué de la maire d´arrondissement.

Comme d´habitude, la couverture médiatique a montré une image déformée et caricaturale d´un quartier estimé sensible : grand banditisme, délinquance, voyous. Toujours la même rhétorique guerrière et méprisante, un florilège de lieux communs et de clichés que les média nous resservent à chaque mort et « règlement de comptes »- Surtout ne pas réfléchir aux racines du problème, surtout ne pas donner une autre image des « quartiers ». Pour peu, on pourrait croire que Saint-Blaise ressemble à une favela brésilienne.
Quant au communiqué de la maire, consternation. Discours sécuritaire, sourd, enfermé dans des convictions prétendues républicaines. Là aussi, caricature, loin de considérer les habitants comme des citoyens à part entière, on les traite en administrés, en populations à mater, à faire rentrer dans le rang. Ecouter leur parole, leur revendication à être traités en égaux : hors de question. Mauvaise graine, mal intégrée, mal intentionnée que seul le renforcement du dispositif policier peut calmer.

Mais qui donc alors se pose la question du pourquoi de cet enchainement meurtrier, de cette violence sociale qui sévit dans notre pays, de ces injonctions paradoxales qui nous rendent petit à petit fous et inaptes à saisir la complexité des problèmes et les enjeux de société qui sont derrière ? Que doit-on penser quand les armes parlent ? Qu´il est grand temps de nous poser les vrais problèmes, d´écouter la souffrance des uns et des autres, de donner les moyens non de pacifier à la hussarde, mais de faire confiance aux gens pour ensemble et avec eux, imaginer des solutions qui n´alimentent pas le cercle de la violence et de la stigmatisation outrancière.

Car il est dommage que la tolérance dans ce pays ne soit qu´un discours creux de façade, il est dommage que la diversité des origines et des confessions soit sans cesse facteur de dissension et de propagande pour faiseurs de haine, mais il est encore plus dommage que soit toujours tracée une frontière entre les bons et les méchants qui fait que la vie d´un jeune des quartiers ne vaut rien et que l´on trouve normal sa mort, bien fait pour lui penseront les bien-pensants. Non, sa mort est aussi notre affaire, car la politique, avec un petit p, pas le grand P des professionnels de l´arnaque électorale, c´est l´art de vivre ensemble et de gérer ensemble la cité, et au niveau local, le quartier. Certes les racines du mal sont profondes mais ce n´est pas en arrosant l´arbre de la haine et de la discrimination que nous les arracherons. C´est en revendiquant haut et fort de n´être plus des administrés, mais des citoyens. Ce n´est pas de policiers et de forces supplémentaires de l´ordre dont a besoin Saint-Blaise, mais qu´on donne réellement les moyens aux habitants de s´impliquer concrètement pour améliorer leur quotidien.

Tiré du journal Paris20 infos et lutte de classe n°3 (14 mars 2012) :

Gare aux gorilles Chroniques de la jungle urbaine

Si vous passez par la place Gambetta, vous avez sans doute déjà aperçu ce curieux manège : plusieurs voitures bleu marine, quasi noires, remplies d’hommes aux physiques impressionnants: gros bras, gros pectoraux, gros ventres, regards bovins et mines patibulaires. Ils portent un uniforme qui ressemble à celui des flics mais estampillé, comme leurs voitures, du sigle GPIS. Il s’agit, comme on s’en doute en les voyant, d’une police privée : le Groupement Parisien Inter-bailleur de Surveillance – GPIS, « je pisse » pour les intimes. Inter-bailleur parce que cette police privée ne s’occupe que des HLM, plus précisément des jeunes des HLM. Créé en 2004, le groupe surveille aujourd’hui plus de 75000 logements. Leur travail consiste en plusieurs tâches de surveillance : attendre un coup de téléphone d’un résidant en HLM, pour se rendre sur place à une quinzaine d’agents ; faire des rondes dans les halls, les caves et les parkings ; seconder des interventions de police.

Dans son discours, le groupe cherche beaucoup à se distinguer de la police, il parle de proximité, de contact avec les habitants, d’une très bonne formation de leurs agents. Il rappelle sans cesse qu’ils ne font pas d’arrestations et qu’ils ne sont pas armés. La réalité n’a rien à voir : leur seul contact avec les habitants est celui des coups de téléphone des « poukaves », contents d’avoir à qui se plaindre des « jeunes » qui « traînent ». Leurs uniformes sont identiques à ceux de la police voire plus noirs encore. Ils interviennent à quinze la nuit : drôle d’interlocuteurs, drôle de proximité. Quant à la question de leur armement, grâce à Claude Guéant, les GPIS peuvent depuis décembre être armés de tonfas (la matraque des CRS) et de gazeuses. Les agents sont en plus, pour la plupart, d’anciens militaires, flics, gendarmes ou vigiles formés au combat à main nue ; leur présence est hyper-violente et génère de nombreuses tensions qu’ils mettent ensuite sur le dos des jeunes.

Leur travail, sous prétexte de tranquillité, est de harceler les habitants des HLM la nuit, puisque ceux qui galèrent sont censés dormir pour retourner tôt au travail. Ils ouvrent les halls et les parkings à la police, organisent de véritables battues, en rabattant les jeunes vers elle hors des espaces communs des logements sociaux. En effet, curieusement, quand le GPIS a un problème la police n’est jamais très loin. Leurs actions sont coordonnées, la police privée fait de la sous-traitance pour la « vraie », fouille les moindres recoins à la recherche de drogues, disperse en permanence les rassemblements, menace et menace encore. À Saint-Blaise par exemple, les GPIS servent à justifier les interventions de la police, ils passent provoquer les jeunes puis, à la moindre insulte, la BAC (Brigade Anti-Criminalité) intervient. Les GPIS, toujours plus nombreux, ont d’ores et déjà très mauvaise réputation auprès des jeunes qu’ils ciblent et le rapport de force se renverse parfois: 55 agents de sécurité ont été blessés au cours des deux dernières années.

Il est intéressant de voir qu’on s’occupe si bien de la sécurité des pauvres, on aurait plutôt pensé que ce genre de milice apparaîtrait dans le 16e plutôt qu’à Saint-Blaise. Mais cette police privée est bien là, contre les gens qui habitent dans les immeubles qu’elle surveille. Ses victimes sont toujours des jeunes qui ont la mauvaise idée de se retrouver devant chez eux.

Son travail est avant tout psychologique : les GPIS sont là pour occuper l’espace, leur présence en si grand nombre ne rassure personne, elle est sensée effrayer ceux qui ne restent pas chez eux. « Rappeler l’autorité du bailleur », comme le dit si bien le site de la milice. C’est-à-dire rappeler aux pauvres que même chez eux ils ne sont tolérés qu’à certaines conditions.

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