Expulsions en série à Saint Denis, manif mercredi

Les habitant-e-s des squats expulsés du 11 rue Dezobry et du 76 Gabriel Peri sont toujours en lutte pour leur relogement. La sous-préfecture ne répond à leurs exigences que par le mépris et la violence, la mairie et l’OPHLM « Plaine Commune Habitat » laissent pourrir la situation, alors que de nombreux logements sont vides à Saint Denis (93).

Les habitant-e-s de Dezobry sont logé-e-s provisoirement dans un hotel à Alfortville dans le 94 et doivent faire le trajet tous les jours. Les habitant-e-s du 76, Gabriel Peri campent devant la mairie dans le froid depuis mercredi dernier. Il y a eu 2 malaises sur le campement hier. Les affaires sont restés dans le squat qui a été muré. Ils manquent de tout : grandes bâches pour se protéger du vent, couvertures, vêtements chauds pour hommes, pour femmes et pour enfants, nourriture, matériel de cuisine, eau… Tous les soutiens sont les bienvenu-e-s sur place (mairie, métro Basilique L13) La préfecture annonce sa volonté d’expulser 11 autres immeubles à Saint Denis dans les jours qui viennent.

Elle expulse habituellement le mercredi. soyons pret-e-s ! Bloquons les expulsions ! Relogement pour tou-te-s, avec ou sans papiers !

Manifestation Mercredi 14 décembre, à 18h . Rendez-vous Place du Caquet, à côté de la Mairie (centre administratif)

D’autres infos sur le blog du journal l’Autre-ment

et sur le blog de l’UL solidaires Saint Denis.

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Émission radio sur les résistances contre les politiques urbaines à Montreuil / Bagnolet

Entretien avec le collectif « Dégage on aménage ! » des quartiers de Montreuil et Bagnolet en banlieue parisienne. Nous revenons sur le processus de gentrification, les nouveaux plans d’urbanisme dans ces quartiers, les expulsions qui ont eu lieux récemment et la résistance qui s’organise…

Réalisé le 22 novembre 2011 (Au fond près du Radiateur sur Fréquence Paris Plurielle)

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Contre les expulsions !

 

Prochaine assemblée contre les expulsions dans le 20e : Mercredi 14 décembre à 19h30 au 194 rue des Pyrénées

Numéro d’urgence contre les expulsions pour intervenir collectivement : 06 84 46 96 74 (envoyez un message ou un mail pour vous y inscrire)

Et tous les samedis de 16h à 18h, une permanence pour des conseils juridiques, matériels et pratiques au 194 rue des Pyrénées.

 

 

 

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Montreuil – Journée de convergence des initiatives contre la rénovation urbaine

Convergence des initiatives contre la rénovation urbaine des quartiers populaires

Le 17 décembre prochain, des collectifs d’habitant.e.s de quartiers populaires d’Hambourg, en Allemagne, appellent à une journée de lutte internationale contre la gentrification.

« Lions l’appropriation d’espaces et de ressources à la défense de quartiers irréguliers contre la politique de démolition ! Faisons converger les initiatives des sans-abri avec la résistance contre les évacuations forcées ! Renforçons les initiatives de locataires avec les campagnes contre les maisons vides ! Lions les luttes des opposantEs à la destruction de l’environnement avec les luttes des immigrantEs pour le droit de rester !

Élargissons la marge de manœuvre de la désobéissance civile à l’aide d’actions artistiques et radicales, rusées et symboliques, virtuelles et directes ! »

L’objectif, c’est de faire de cette journée d’action l’expression, le point de cristallisation et le réseautage de ces luttes locales dépassant néanmoins les frontières afin de les rendre visibles en tant que conflit politique général à l’intérieur des structures de la société capitaliste sans les homogénéiser.

Rénovations urbaines, gentrification… De quoi parle-t-on ?

… De la transformation physique d’un quartier — par la destruction ou la réhabilitation des logements —, dans un but affiché de requalification et de « mixité sociale ».

Pour ne pas ébranler l’ordre établi, il apparaît être une nécessité pour le gouvernement de détourner notre regard des causes structurelles de la misère dans les quartiers que le système génère, en nous faisant croire qu’un simple changement de décor améliorerait nos existences, qu’un coup de pelleteuse nous rendrait la vie belle.

Dans une période où les affres du capitalisme deviennent difficilement dissimulables, il s’agit ainsi de contrôler et tuer dans l’œuf les potentiels espaces de solidarité et de révolte des classes dominées.

Ces considérations urbanistiques se font au plus grand mépris des populations, stigmatisées par une conception colonialiste des banlieues. Quant aux démarches de concertation mises en œuvre, elles ne sont qu’un instrument de légitimation de leur politique. La cité, dans son aménagement et ses fonctions, est aujourd’hui le terrain de jeu des dominants. Les profits de ces grands chantiers reviennent d’abord et surtout aux promoteurs et aux villes désireuses de masquer une misère de plus en plus criante. Mais le vernis humaniste s’écaille vite face aux réels effets des rénovations : expulsion des plus précaires, déplacement forcé de population, chasse aux sans-papiers…

Les dernières poches de vie et de résistance définitivement insensibles aux promesses du bonheur Ikéa se font expulser manu militari.

En répondant à cet appel, nous souhaitons créer une occasion de se rencontrer et s’organiser afin d’amplifier les protestations contre les rénovations et la gestion capitaliste et policière des quartiers en Île-de-France.

D’une préoccupation individuelle (ma maison) et locale (mon quartier), nous souhaiterions soulever une réflexion globale sur la propriété et la guerre de classes qui se joue dans l’espace urbain…

À Saint-Denis, Paris, Vitry, Ivry, Poissy, Saint-Ouen ou Montreuil, comme à Hambourg, et partout en Europe, Reprenons la ville pour en faire un terrain de lutte.

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Turin – Contre les expulsions, une nouvelle occupation à Porta Palazzo

Voici le texte du tract que les occupants du 2 via Lanino ont distribué dans la matinée du jeudi 1er décembre aux habitants et passants de Borgo Dora à Turin.

Nous sommes vos nouveaux voisins…

« Ce matin, nous sommes entrés dans un bâtiment abandonné au 2 via Lanino, au Balon (Porta Palazzo), pour y habiter. Certains d’entre nous ont été dégagé de la maison où ils habitaient, expulsés d’un logement ou d’un squat par la violence policière. Une maison vide de plus parmi les milliers de la ville. Et c’est là le vrai problème. Prendre une location est tellement difficile pour tous, à cause des multiples garanties que demandent les propriétaires. C’est encore plus difficile de réussir, mois après mois, à payer son loyer. La grande majorité des maisons vides de la ville sont aux mains de quelques propriétaires privés ou de sociétés immobilières. Et ici, comme dans d’autres villes, les expulsions toujours plus nombreuses menacent de jeter à la rue des centaines d’hommes et de femmes. Avoir un toit au dessus de sa tête est devenu un luxe. Nous pensons à l’inverse que tout le monde devrait avoir une maison où vivre. Et où bien vivre, sans être contraint de s’entasser dans des espaces étroits par manque de salaire ou de garanties. C’est pourquoi nous avons décidé d’occuper quelques appartements vides. Nombreux sont ceux qui cherchent une maison, nous en faisons partie. »

« Ils est important de se rendre compte que nous ne sommes pas seuls. La solidarité est le premier pas pour résister à la menace des expulsions. Discuter, s’entraider et lutter ensemble est nécessaire pour prendre, et défendre une maison ».

D’après l’intervention d’un occupant, le 1er décembre, sur Radio Blackout [Turin] :

L’occupation se trouve près de Porta Palazzo [le plus gros marché de Turin et quartier très populaire]. Beaucoup des occupants viennent d’une autre occupation expulsée à Corso Giulio, dans le même quartier. Après l’expulsion, il y a eu des rencontres entre les expulsés, principalement des Marocains et des Tunisiens, et des camarade italiens qui avaient tous besoin d’un logement. Ils ont alors occupé un immeuble vide au 2 via Lanino. Les occupants sont entrés au petit matin, ont commencé à faire des travaux et à nettoyer la maison, qui pour l’instant loge une vingtaine de personnes. Il y a une quinzaine d’appartements et ils essaient de les rendre habitables. Il y a, dans cette occupation, des personnes italiennes, marocaines, tunisiennes… des familles. Les habitants ont diffusé des tracts dans le quartier, et ils se sont immédiatement rendus compte que la question du logement touche directement ou indirectement tout le monde, et, qu’en plus de se sentir solidaires, tous ont des amis ou des parents menacés d’expulsion.

Pour l’instant, la police est très discrète.

Une traduction en arabe :

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Assemblée pour lutter contre les expulsions

«  Contre toutes les expulsions ! »

Nous l’avons placardé partout dans le quartier après l’expulsion d’une maison occupée rue Olivier Métra dont les habitants ont été conduits au poste. C’est le mot d’ordre que nous avons diffusé lorsque qu’une autre maison du quartier était menacée. Nous avons à cette occasion rencontré des personnes qui nous ont fait part de leurs problèmes de logement, et de leur désir de lutter contre cette situation.

Les problèmes de logement ne viennent jamais seuls, ce n’est qu’un bout du problème : ceux qui peinent à trouver un toit sont aussi ceux qui galèrent à se nourrir, se vêtir, moisissent au chômage ou dans des boulots sous-payés. Qu’il y ait suffisamment de logements ou non, pour les pauvres il n’y en a jamais assez. Les spéculateurs immobiliers, mairies et bailleurs sociaux inclus, profitent de cette pénurie et ont intérêt à ce que perdure la concurrence de tous contre tous. Alors qu’il y a suffisamment de logements, les propriétaires n’hésitent pas à en laisser vide une grande partie, à les faire surveiller par des armées de vigiles pour que les loyers maintiennent leurs niveaux élevés, inaccessibles. Une partie des pauvres se retrouve par miracle dans la portion qui leur est réservée dans les hlm, une grande majorité n’a d’autre choix que de s’éloigner toujours plus de Paris.

Dans cette configuration, les expulsions permettent de trancher définitivement en faveur de l’ordre imposé par la propriété. La loi du propriétaire prime plus que toute nécessité vitale, et pour elle des dizaines de milliers de personne peuvent crever à petit feu dans la rue. On pourrait croire que les décisions quotidiennes d’expulsions sont une multitude de cas particuliers mais c’est toujours le même processus à l’œuvre. Augmentation des loyers et rénovation à tout crin font qu’il est toujours plus difficile de payer son loyer à temps. Faire disparaître ceux qui n’y arrivent plus permet alors de détruire ce qu’il restait d’ingouvernable dans les quartiers, recoins et parcs. La ville devient une vitrine où tout peut se voir et s’observer.

Lors d’une expulsion, on se sent seul face à l’huissier, le juge et la police. La mascarade du procès nous donne l’impression que tout cela ne nous concerne que personnellement, puis la police débarque tôt le matin, au moment ou personne n’est là pour la voir, afin de chasser les plus tenaces.
Tout est fait pour casser les gestes de solidarités, pour qu’on oublie qu’il s’agit d’un problème des plus communs.

Être mal-logé n’est pas qu’une affaire technique qui pourrait se comptabiliser en nombre de toits disponibles, de personnes par chambres, de prix au mètre carré. C’est aussi l’idée de ne pouvoir choisir soi-même le territoire, le bout de quartier, les personnes avec lesquelles on vit, partage un quotidien. Être mal-logé c’est un état d’isolement, de fragilité où tout est rendu individuel. C’est ne trouver personne avec qui parler de ses problèmes, n’avoir aucun lieu ou se réunir, se retrouver.
Face à cela nous avons entamé un processus de résistance, occupé collectivement des logements, nous les avons rendus habitables selon nos besoins et nos fantaisies, trouvé des armes juridiques et effectives afin de défendre ces espaces et les possibilités qu’ils libèrent.

Dans l’anonymat des procédures, il est plus que nécessaire de se retrouver pour s’organiser contre les expulsions. De créer, d’opposer des gestes de résistance à cette machine étatique dont nous ne voulons surtout pas être la solution alternative. Les solutions affichées par l’État ne font que masquer et aggraver le problème. En luttant contre les expulsions nous ne voulons pas pousser l’État à respecter ses obligations en matière de logement ou suppléer à ses défaillances mais bien trouver des moyens collectifs de nous réapproprier la « question du logement ».

On veut nous faire patienter passivement jusqu’aux prochaines élections alors que dans d’autres lieux, dans d’autres pays, comme en Grèce ou à Madrid, une partie de la population a commencé à se réunir pour poser publiquement ces problèmes et s’organiser pour y faire face. Dans tel quartier une assemblée décide d’empêcher les expulsions, dans telle ville, presque plus personne ne paye l’électricité….

Assemblée pour lutter contre les expulsions
Lundi 28 novembre – 18h30
194 rue des Pyrénées – métro Gambetta

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Grèce : auto-organisation et occupations

Villa Zografou, un centre social auto-organisé à Athènes, 2 novembre

Un projet social a été inauguré dans la banlieue de Zografou, à l’est d’Athènes. Villa Zografou, un manoir abandonné de trois étages du 19e siècle, est  situé dans un domaine de 6 hectares que la municipalité comptait transformer en allée commerciale. Cet espace tire son histoire des luttes locales. À l’été 2009, la police anti-émeute a attaqué près de 1000 personnes qui réclamaient ce lieu pour y tenir des événements locaux. Ce bâtiment a aussi été l’objet d’une controverse à propos de l’emprunt au FMI l’été passé.

L’assemblée ouverte des habitants du quartier a décidé de transformer la Villa Zografou en un espace fixe d’auto-organisation. Samedi et dimanche, 5 et 6 novembre, l’espace ouvrira à partir de midi, en espérant qu’un maximum de personnes puissent participer à l’initiative. Durant ces deux jours, les gens auront la possibilité de connaître ce projet tandis que des travaux auront lieu pour nettoyer le jardin, ou encore créer un potager. Un café auto-organisé sera également ouvert où chacun pourra discuter dans une atmosphère joyeuse.

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Athènes : répression contre un centre social et culturel, 1er novembre

Au début de l’automne, des habitants de Vyronas (banlieue nord-est d’Athènes) ont pris l’initiative de s’organiser pour créer un centre social et culturel en centre-ville, à Agia Triada. Ils ont transformé les ruines de « Labidona » en un espace d’auto-expression. Plusieurs activités ont lieu, comme des ateliers artistiques pour les enfants, des cuisines collectives, des concerts et des discussions, dans un endroit anciennement abandonné qui était utilisé comme lieu de pic-nic.

Le 28 octobre, le maire Nikos Chardalias a ordonné la fermeture de cet espace social auto-organisé, et l’endroit a été sous surveillance 24h/24 par la police municipale.

Le 31 octobre, les habitants et les participants ont protesté contre la décision de la mairie. Les habitants ont alors décidé de libérer le lieu des flics municipaux et des agents de sécurité. « Malgré la conduite autoritaire, hypocrite et calomnieuse de la mairie, Labidona ne deviendra PAS une autre cafétéria privée. Le lieu continuera d’être tenu par les habitants de Vyronas pour les habitants de Vyronas comme un centre social et culture, comme un espace de solidarité, de liberté d’assemblée et de création.

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Thessalonique : un cabinet médical solidaire sera ouvert dans quelques jours, 25 octobre

Les violentes mesures d’austérité imposées par le gouvernement grec et la Troika (F.M.I / B.C.E. / C.E.) enterrent totalement les restes de l’État providence avec des restrictions budgétaires et des suppressions d’emplois dans le secteur de la santé; la pauvreté et le chômage explosent, et l’exclusion sociale est toujours plus forte. Pour répondre à ces mesures qui affectent la vie de milliers de personnes, une structure de résistance a été lancée à Thessalonique.

Le 7 novembre 2011, le «Dispensaire social de solidarité» va ouvrir ses portes au rez-de-chaussée du 24 de la rue Asopou (quartier de Vardari). Cet espace a été concédé par la Bourse du travail de Thessalonique à l’initiative de travailleurs de la santé.

Le cabinet médical sera ouvert tous les jours de la semaine, et fournira pour toutes et tous (avec ou sans papiers) des services gratuits à ceux qui n’ont pas de sécurité sociale : médecine généraliste mais aussi neurologique, psychiatrique, soins dentaires et pharmacie. Pour prendre rendez-vous appelez le 0030 2310 520 386 en matinée.

Vous pouvez apporter votre expérience et une aide financière à ce projet, mais aussi le soutenir en donnant de l’équipement ou des médicaments (avant leur date d’expiration).

Il n’y a pas d’autre choix. Tout ce que l’on peut faire, c’est s’entraider.

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Athènes : une assemblée de quartier met en place un centre de santé auto-organisé, 8 octobre

Depuis le mardi 11 octobre, l’Espace social de santé a ouvert au squat PIKPA, situé dans les rues Timodimou et Antoniadou (‘Petrina’), dans le quartier d’Ano Petralona, pas loin de la station de métro Petralona.
De plus en plus de personnes sont mises à l’écart d’un système de santé pourtant déjà démantelé. L’assemblée populaire locale a décidé, pour la seconde fois au cours des dernières années, de mettre en place un espace de soin auto-organisé.

Des soins primaires seront offerts, gratuitement, suivant les diagnostics, par des travailleurs de la santé ou des volontaires à l’intérieur du squat.

En Octobre, l’espace social de santé sera ouvert le mardi (17h-20h) et le mercredi (17h30-20h). Le mercredi, à 20h, des réunions publiques des groupes de travail sur la santé  des assemblées populaires de Petralona, Koukaki et Thission se tiendront également au squat PIKPA.

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traductions : contrainfo

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Préfecture, mairie du 20e, bailleurs sociaux et promoteurs immobiliers contre les squats – Chronologie

Mardi 11 octobre :
Suite à la manifestation contre l’austérité, on apprend qu’une maison récemment occupée est menacée d’expulsion par la police. Cette maison était située rue Olivier Métra, dans le vingtième arrondissement. Au bout de quelques heures et devant la présence d’une quarantaine de soutiens, dont de nombreux voisins, la police s’en va, semblant considérer l’occupation comme régulière.

Mercredi 12 octobre :
Rebelote, la police vient constater l’occupation d’une maison occupée au 194 rue des Pyrénées dans le Vingtième arrondissement. La police fera deux brefs passages et la situation semble momentanément tranquille pour les occupants.

Vendredi 14 octobre :
Au petit matin, une cohorte de policiers et de gendarmes mobiles expulse la maison occupée de la rue Olivier Métra. Les habitants une fois sortis de la maison sont arrêtés et mis en garde à vue. À cette heure ci, ils y sont toujours et seront fort probablement déférés demain matin pour des chefs d’inculpations inconnus pour le moment. Au même moment, de nombreux policiers en tenue et en civil surveillent avec beaucoup d’attention plusieurs squats du quartier et ceci tout au long de la journée. Ils donnaient l’impression d’une attaque imminente sur la nouvelle maison occupée de la rue des Pyrénées. Par ailleurs toutes sortes de rumeurs sur de possibles expulsions imminentes circulent. Dans l’après midi, les habitants du 194 rue des Pyrénées avec l’aide de plusieurs soutiens décident de mettre une table et des chaises devant leur porte et de diffuser un tract sur les évènements. Ils le diffusent aussi dans le quartier. Les voisins et passants témoignent la plupart du temps d’une vive sympathie et de solidarité pour les occupants et leur cause. Plus tard dans l’après midi, les habitants de la rue des Pyrénées vont occuper le siège de l’AFTAM qui est le gestionnaire des lieux, en partenariat avec la Mairie du Vingtième. L’AFTAM est une entreprise qui gère des foyers de jeunes travailleurs migrants sur lesquels elles se fait du pognon. Un gestionnaire de plus de la misère quotidienne. L’occupation était notamment motivée par le fait que l’AFTAM a porté plainte contre les occupants de la rue des Pyrénées pour une soit disant effraction, leur faisant ainsi courir le risque d’être poursuivis pénalement. Dans cette plainte a été intégrée une fausse preuve : des alarmes auraient sonnées le 11 octobre, ce qui signifierait que les occupants étaient dans les lieux moins de 48 heures avant le passage de la Police, rendant ainsi possible leur expulsion immédiate. Les bureaucrates de l’AFTAM restent imperméables à toutes les formes de discours, se moquant éperdument d’être responsable de l’expulsion des habitant du squat, et ne semblent pas suffisamment dérangés par l’occupation de leurs locaux pour satisfaire nos revendications. Ils préfèrent faire appel à la police, aussi nous finissons par quitter les lieux, ne préférant pas nous faire coincer dans les locaux de l’AFTAM en si petit nombre.

Samedi 15 octobre :
Les occupants du 18 rue Olivier Metra sont relâchés et poursuivis en justice pour « dégradation en réunion ». La propriétaire était agent immobilier. Une cinquantaine de personnes se rassemblent devant la mairie du 20e arrondissement après la manif pour le droit à l’avortement devant l’hôpital Tenon, « contre toutes les expulsions ».
Le lieu étant encore menacé, les occupants du 194 rue des Pyrénées tiennent tous les  jours une table devant le squat pour informer et discuter avec les passants. De nombreux voisins leur ont témoigné leur soutien et leur sympathie.

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Pas de trêve pour les ouvertures – Récit d’une expulsion

Le vendredi 14 octobre, notre squat a été expulsé suite à une plainte pour dégradation avec flagrance. Ces dernières semaines deux autres squats récemment ouverts ont été expulsés à Toulouse pour les mêmes motifs. A Paris, le squat du 194 rue des Pyrénées reste menacé. Ceci n’est que l’histoire rageusement ordinaire, d’une expulsion ordinaire, d’une garde-à-vue ordinaire et de ses suites…

Le 18 rue Olivier Métra (Paris XX°) était une grande maison occupée depuis une semaine. Ce bâtiment vide depuis des années faisait rêver bien des habitant-e-s du quartier. Nous l’avons occupée avec l’intention d’y habiter. Mardi 11 Octobre, en début d’après-midi, débarquent deux personnes se disant architectes, ils attendent Mme Mathieu la propriétaire : elle aurait acheté le bâtiment au mois de Juin. Mme Mathieu arrive et s’énerve. Elle essaie de nous faire croire qu’elle est sans le sou, qu’elle est dans une plus grande galère que nous. Difficile d’y croire ! Qui peut se payer une telle maison en plein Paris ? Qui peut investir des millions pour se loger ? Bref, elle repart avec sa clique. A 16h, nous sommes assis-e-s sur le rebord de la fenêtre du 1er étage quand des keufs en tenue nous braquent avec un TASER en nous ordonnant de sortir immédiatement. Nous refusons. Nous leur tendons une facture EDF qui atteste de notre présence sur les lieux depuis une semaine. Au début, ils refusent de la prendre « descends si t’as des couilles… ». Face à notre insistance, ils finissent par l’accepter. Très vite, des ami-e-s, voisin-e-s, squatteuses et squatteurs du quartier arrivent, les renforts des bleus aussi. Des voisin-e-s expriment leur solidarité en témoignant auprès des keufs que nous habitons là depuis une semaine, en refusant d’ouvrir la porte de leur immeuble à la police, en appelant leurs ami-e-s. Cela est malheureusement trop rare pour que nous ne puissions pas les en remercier et saluer leur solidarité, leur prise de position immédiate. La propriétaire et ses amis de la police finissent par s’en aller après trois heures de siège. Le lendemain, une autre occupation est constatée par la police au 194 rue des Pyrénées, dans le même arrondissement. Une rumeur parle d’une expulsion dès le lendemain pour ce dernier, elle n’a pas, pour l’instant, eu lieu. Jeudi, un homme vient poser des questions, il sort sa carte de police en nous disant qu’il est de la préfecture. Il demande combien nous sommes et à quel mouvement nous appartenons.

Le lendemain, veille de la trêve hivernale, à 7 heures, entre cinquante et cent flics et gendarmes bloquent la rue. Un groupe d’intervention, sans écusson, ni insigne, nous réveille à coup de bélier et de meuleuse. TASER avec pointeur laser. « Personne ne bouge ! Main sur la tête ! Au sol ! Ferme ta gueule ! ». Pas le temps de mettre des chaussettes. Genou qui t’écrase contre le sol. Serflex ou menottes. Des officiers de police judiciaire débarquent. Notification immédiate de Garde-A-Vue. Il est 7h15. Embarquement immédiat. Pas le temps de réunir des affaires. Dans la rue, du monde aux fenêtres. Nous arrivons tou-te-s les six au commissariat du XIX° transporté-e-s par les gendarmes. Le chien qui était avec nous a disparu. Nous sommes en colère, l’ambiance est tout de suite tendue avec les condés. Pendant l’expulsion, des flics en civil font le pied de grue devant les autres squats du quartier. Nous sommes mis-es en cages. Femmes et hommes séparé-e-s dans des cellules proches. Médecin, avocats, auditions, nous n’avons rien à déclarer, refus empreintes et ADN. Les auditions sont faites par des OPJ du XX°, et le SIT*. En aparté, certains essaient de la jouer sympa : « aujourd’hui réfléchir c’est désobéir comme disent les bidasses », « excusez nos collègues », « tous les flics ne sont pas des abrutis » [sic], ils nous paient des clopes, nous proposent des verres d’eau pendant et après les auditions. Nous nous méfions, mais pas assez. Ils veulent notre salive pour leur fichier ADN, le FNAEG*. Nous verrons sur un bout de papier « ADN eau : non / ADN mégot : ok ». Ils jouent la compréhension, tentent de nous faire parler en dehors du cadre officiel : « mais il y a bien quelque chose de politique derrière tout ça ? J’aimerais comprendre. Nous ne sommes plus en audition. ». Nous foutons le bordel en cellule pour obtenir à boire, des tampons périodiques ou pour aller pisser. Cela fonctionne et nous permet de ne pas nous sentir trop impuissant-e-s malgré les provocations, les intimidations, les menaces de tabassage. Au bout de quelques heures, une GAV supplétive* pour refus de se soumettre aux empreintes. Re-médecin, re-avocats, re-auditions. Nous répondons la même chose refusant les déclarations, les questions, le fichage. Ou pas : pour plusieurs d’entre nous, ils arrivent avec les PV déjà imprimés « j’ai écrit je n’ai rien à déclarer et refus de signer, ça vous va ? ». Au marqueur rose, il signeront le PV de l’une de nous à sa place. On gueule pour vérifier que toutes nos affaires sont là. Les fouilles sont bâclées, les affaires récupérées dans le squat par les keufs sont à peine notées, il nous en manque la moitié.

Nous sommes transféré-e-s vers le dépôt de Paris-Cité à 18H30. Arrivée au dépôt : re-fouille, re-inventaire, on gueule un coup pour nos affaires, mais surtout pour exprimer notre colère. Côté homme, nous sommes mis dans des cellules individuelles. Elles semblent neuves à flamber. Eau, chiottes, banc en béton avec pour certains un matelas, parfois une couverture, ou juste le béton. On peut gueuler personne ne nous entend. Une lumière blanche nous écrase la tête toute la nuit, la ventilation bourdonne en permanence créant un courant d’air dans la cellule. Tout à coup, on se sent seul, impuissant, enterré, même si l’on sait que cela ne durera qu’une vingtaine d’heures. Médecin que t’as l’air de faire chier, gamelle comme en GAV qui t’arrive froide à 10 heure du mat’ sans un mot, si elle arrive. Nouvelle tentative de prise d’empreintes. Côté femme, même ambiance mais avec, aux côtés des keufs, des bonnes sœurs pour matonnes. Repens-toi si tu veux bouffer, sinon moisis dans ta cellule. Dans le même trou, le centre de rétention pour femmes. Lorsqu’elles lâchent un croûton de pain ramolli, elles jouent la division : « tu manges le pain des étrangères ». Ces bonnes sœurs matonnes qui jouent la charité, nous dégoûtent. Si on sait qu’on doit être présenté-e-s à un magistrat dans les vingt heures, les retenues, c’est tous les vingt jours qu’elles peuvent avoir un espoir de libération. Si on peut rester au maximum quarante heures, elles, c’est pendant quarante cinq jours qu’elles se tapent la morale des bonnes sœurs, si elles ne sont pas expulsées avant. Vers midi, transfert vers la souricière, le P12 pour les gendarmes. On passe par les galeries techniques sous le Tribunal, avant d’arriver dans des cages collectives à côté des bureaux du parquet. Cela fait du bien de revoir les copains copines, de pouvoir discuter, de partager des galères, des conseils, des sourires avec les autres enfermé-e-s. L’un de nous, oublié en cellule, n’aura pas ce maigre plaisir. Au bout d’une heure on voit des vice-procureurs. Une convocation pour un procès le 16 novembre, « destruction du bien d’autrui commise en réunion et refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de police ». Retour sur le banc du dépôt, dans l’attente du « bon de liberté » et de nos fouilles. Les ordinateurs, mettront plusieurs dizaines de minutes à revenir. « Ils sont dans un autre service » nous dira-t-on. Nous les retrouvons allumés, alors qu’ils étaient éteints la veille. De retour devant la maison, on ne peut pas récupérer nos affaires : les portes et les fenêtres ont été murées. La voiture est à la fourrière, le chien restera dans une cage durant quatre jours : 300 euros dans leurs poches et une puce sous la peau du chien ! Et ce qui est resté à l’intérieur ? Nous n’en savons rien. Nous recroisons quelques voisin-e-s avec qui nous échangeons des mots amicaux. « C’est du gaspillage de maison ! », nous dira une gamine du quartier.

Ce que nous voulons, c’est un lieu pour vivre à plusieurs. Un endroit que l’on habite sans vouloir attendre d’avoir les bons papiers, les bons revenus, le bon piston à la mairie. Ce que nous refusons c’est le contrôle généralisé. Dans les transports, dans la rue, dans les écoles, face aux institutions qui nous exploitent et qui nous gèrent, le fichage est généralisé. Les rafles quotidiennes, la vidéo-surveillance, le puçage du vivant, toutes les chaînes sécuritaires, toutes les prisons et le monde qui les a créées. Ce que nous refusons c’est l’exploitation, la spéculation, de devoir payer pour exister, de crever sur l’autel de la propriété privée. Ce que nous saluons, c’est la solidarité des habitant-e-s du voisinage, de nos ami-e-s, de nos camarades.

Les ex-occupant-e-s du 18 rue Olivier Métra.

* Service d’investigation transversale : C’est un service « expérimental » de la préfecture de police de Paris qui fait le lien entre les « services spécialisés » ( Renseignement généraux, police scientifique, brigade criminelle, SDAT ) et les « partenaires institutionnels » (mairies, ministères…).

* FNAEG :Le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), créé en 1998, est un fichier commun à la police et à la gendarmerie qui gère les traces ADN prélevées au cours des enquêtes.

* GAV supplétive : Nouvelle notification des droits suite à un délit constaté durant la garde-à-vue. Ne la rallonge pas.

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